Pourquoi comprendre ses émotions ?
- Charlène Savin
- 13 août
- 5 min de lecture

Se libérer des fardeaux émotionnels et retrouver une paix intérieure
Les causes des émotions
Les émotions sont des indicateurs précieux. Peur, colère, tristesse, jalousie, anxiété… Elles sont comparables à un système d’alerte lié à notre instinct de survie. Elles sont essentielles à la survie. Elles nous informent sur ce qui doit être écouté puis compris.
Les émotions fonctionnent souvent par paires : comme deux faces d’une même pièce, une émotion forte appelle à son émotion contraire et opposée. Cela signifie que lorsqu’une émotion devient dominante, son contraire est souvent réprimé, ce qui peut créer un déséquilibre émotionnel durable.
De plus la recherche d’une émotion particulière intègre inévitablement son opposé pouvant conduire à des comportements de fuite ou des comportements d'une recherche constante d'un état émotionnel.
Un accompagnement pour éclairer les causes profondes
Une émotion persistante est toujours le symptôme d’un contenu psychique non éclairé. Tant qu’un élément inconscient reste dans l’ombre, il peut se manifester à travers le corps, la pensée ou le comportement, parfois de manière envahissante.
Lorsque les émotions deviennent incompréhensibles ou trop intenses, elles peuvent engendrer des répercussions négatives : décisions prises sous le coup de l’émotion, comportements regrettés, ou encore perte de clarté dans le discernement personnel.
La psychanalyse, plutôt que de chercher à "éteindre" ou "maîtriser" les émotions, aide à en comprendre le sens pour faire remonter à sa source les causes profondes et de se libérer de ses expressions.
Ce travail permet :
· L’identification des schémas émotionnels répétitifs, souvent inconscients.
· La mise en lumière des attentes inconscientes, même si l’on croit « ne rien attendre des autres ». Ces attentes peuvent prendre la forme d’espoirs implicites d’être considéré ou aimé d’une certaine manière : « je ne demande rien, mais au moins ça »
· La libération du poids du passé, pour faire place à une expérience émotionnelle plus paisible et neutre.
· Le désengagement d’affects passés indépendants de la réalité présente, afin qu’ils ne continuent pas à influencer inconsciemment nos choix ou nos réactions
La peur et l’anxiété
La psychanalyse aide à s’émanciper de la peur automatique. La peur signale un sentiment d’insécurité intérieur, parfois ancien. Elle est nécessaire à notre survie, mais lorsqu'elle est exprimée de manière disproportionnée et constante elle peut se transformer en angoisse, anxiété sociale, phobie, TOC, pensées parasites…
Même lorsque l’on sait que certaines peurs sont irrationnelles, elles peuvent persister malgré tout. Une peur apparente peut en dissimuler une autre, plus profonde n’ayant aucun lien avec la peur ciblée. Elle peut révéler la peur d’être seul(e) : la peur de la solitude existentielle — elle-même liée à la peur de ne pas survire.
À travers l’exploration des souvenirs, des rêves, des associations libres et des mécanismes inconscients révélés par la peur, le travail analytique met en lumière les racines profondes de l’anxiété. Cela permet de restaurer un sentiment de sécurité intérieure, et de se libérer des peurs viscérales qui empoisonnent le quotidien.
La colère
La colère mal comprise ou refoulée peut se retourner contre soi ou les autres. Elle est souvent liée à d’un sentiment d’injustice et ou d’impuissance. Elle peut devenir une frustration profonde. Cette colère peut elle-même être à l’origine de conséquences négatives dans le social et aggraver des situations (prise de décision impulsive, paroles prononcées dépassant la pensée...).
Le cadre thérapeutique permet d’exprimer cette colère sans culpabilité, de lui donner un espace d’élaboration, et d’en comprendre les moteurs inconscients. Cela permet de sortir de comportements répétitifs.
Le manque de confiance en soi
Ce manque de confiance traduit une surestimation et une sur-légitimité accordée aux autres, par une tendance à croire que les autres « savent mieux », qu’ils sont plus stables, plus cohérents et plus clairs avec eux-mêmes. C’est souvent résultat de la tendance à voir les gens selon leur rôle plutôt que selon leurs singularités et les individus qu’ils représentent.
Par exemple, nous avons tendance à penser que certaines figures d'autorité, comme l'avocat ou le professeur, détiennent nécessairement la vérité ou la connaissance. De même, face à la justice, on suppose souvent que l’avocat est là uniquement pour défendre la 'justesse' de la cause, ou qu’un juge rendra toujours une décision objective et infaillible. Cependant, ces professionnels sont avant tout des individus, eux aussi influencés par leurs propres émotions, leurs expériences et leurs biais, avant d'endosser le rôle ou la fonction qu'ils incarnent. Cette prise de conscience peut aider à mieux comprendre pourquoi, parfois, les individus manquent de confiance en eux : ils se comparent à des modèles idéalisés de la justice ou du savoir, oubliant qu'ils sont eux aussi humains, soumis à leurs propres affects et vulnérabilités.
Le manque de confiance en soi prend souvent racine dans une image dévalorisée de soi, construite à partir d’expériences passées (jugements, comparaisons, abandons...). Il peut nourrir des sentiments d’illégitimité, d’imposture, d’infantilisation, ou rendre difficile le rapport à l’autorité.
Ses conséquences peuvent altérer le rapport aux autres et à la réalisation de propres désirs.
Le travail analytique permet de retrouver une vision plus juste de soi et du monde, en rétablissant une perception horizontale des rapports humains (ni au-dessus, ni en dessous comme l’impose la verticalité). La confiance en soi ne devient plus un objectif à atteindre, mais un état naturel qui naît de la reconquête de son autorité intérieure.
La jalousie
La jalousie est un affect complexe, mêlant désir, comparaison, peur de la perte et sentiment d’insécurité. Elle peut refléter des conflits internes profonds entre ce que l’on désire vraiment et ce que l’on croit devoir désirer. Elle met souvent en lumière des croyances sur l’image et l’idée de soi. Elle peut opposer l’idée que l’on a de l’autre face à ce que l’on perçoit. Elle peut matérialiser des vérités qui ne voudraient être perçues, traduites comme de la jalousie. Elle peut refléter l’idée faite du bonheur ou de la reconnaissance sociale.
Elle peut aussi révéler une difficulté à faire des choix, ou une tension entre désirs profonds et idéaux imposés. Derrière la jalousie, il y a parfois une compétition intériorisée, une comparaison qui empêche de s’aligner sur ses propres désirs authentiques.
En analysant les fantasmes, les projections, les croyances sur soi, l’idée de réussite ou de bonheur, le travail psychanalytique déconstruit les différentes couches de la jalousie. Il permet d’en discerner les sentiments sous-jacents, afin de traiter en profondeur ce qu’'ils révèlent. On passe ainsi d’un vécu confus à une compréhension claire des tensions psychiques à l’œuvre.
Une démarche pour retrouver discernement et liberté intérieure
Les émotions persistent lorsque leur vérité inconsciente n’est pas entendue. Tant que les causes justes ne sont pas éclairées, elles réapparaissent, parfois sous d’autres formes très diverses (troubles physiques, comportements d’évitement, addictions...).
Le travail psychanalytique vise à restaurer le lien entre émotion et compréhension, à retrouver un discernement intérieur qui apaise les tensions et ouvre à un rapport plus libre à soi-même et au monde.